Vin
09 02 2022

Coup de foudre à Angelus

L’élevage est l’une des étapes clés du processus d’élaboration du vin. Après la fermentation, c'est le moment où les tanins se polissent, les arômes se précisent et se stabilisent. Une phase capitale pour les grands vins capables, à l’instar d’Angelus, de vieillir des décennies durant. À Saint-Émilion, l’élevage traditionnel se déroule en barriques de 225 litres, dont on choisit soigneusement l’origine et la chauffe afin d’éviter que le bois ne prenne le pas sur l’expression du terroir recherchée.
Pour la première fois en 2018, le chai de première année d’Angelus s’est ouvert à de nouveaux contenants : deux foudres de 30 hectolitres chacun. « Le vignoble d’Angelus se compose d’une forte proportion de "Bouchets" (nom du Cabernet Franc très souvent donné sur la rive droite), un cépage exigeant, qui lui apporte ses arômes purs et frais, légèrement mentholés et épicés, explique Hubert de Boüard de Laforest. Stéphanie souhaitait réfléchir à une mise en avant de ces qualités dans sa quête d’élégance pour Angelus. L’idée retenue fut de modifier le rapport bois-vin avec l’introduction de deux foudres. Nous les avons d’abord éprouvés à titre expérimental, l’un avec les merlots, l’autre avec nos plus vieilles vignes de "Bouchets". Nous avons très vite constaté que si le résultat n’était pas particulièrement marquant pour les premiers, il était assez spectaculaire pour les seconds, avec une pureté aromatique et une tension inégalées. »
Un troisième et un quatrième foudres ont donc fait leur entrée dans le chai afin d’y élever la moitié des "Bouchets". L’oxydation est ainsi ménagée, le travail se fait sur la réduction, l’apport d’oxygène étant alors atténué. La dégustation du millésime 2020 confirme que l’orientation choisie est la bonne. Jamais Angelus n’a affiché un tel éclat dès son plus jeune âge. « C’est frappant au nez comme en bouche, confirme Benjamin Laforêt, responsable vinicole du domaine. La micro-oxygénation y est moindre qu’en barrique. Côté tanins, on perçoit d’emblée la structure ; en bouche, l’onctuosité se manifeste graduellement. Sa mise en place, multidimensionnelle, demande un peu plus de temps mais révèle une tension et une énergie qui surprennent et impressionnent.

 

La dégustation du millésime 2020 confirme que l’orientation choisie est la bonne. Jamais Angelus n’a affiché un tel éclat dès son plus jeune âge.

 

L’excès de bois peut masquer les arômes particulièrement subtils du "Bouchet" dans certains millésimes. Nous préservons ainsi le côté ciselé, les tanins de ce cépage si particulier, exceptionnel, raffiné, délicat, épicé, mais souvent capricieux. Des foudres seuls ne permettraient pas la définition recherchée. Mais avec la moitié des "Bouchets" en foudre, le gain est évident ». De quoi conforter la jeune dirigeante dans un choix qui fait écho à une anecdote ancrée dans la lignée familiale. Lumineux comme un coup de foudre.